La sortie de la deuxième promotion de l’IFM Hégire de
Tombouctou a été l’occasion pour le comité d’organisation de programmer une grande fête. L'institut de Formation des maitres est special car bilingue -français-arabe- a été créé en 1997 et résidait à Tombouctou avant d’être relocalisé à Bamako suite à l'occupation de la ville des 333 saints par les faux moudjahidines.
Elle avait une forte connotation politique avec la présence du Ministre des affaires
religieuses et du culte Dr Yacouba TRAORE , en était le parrain. Son garde de
corps faisait bien peur, mais le centre islamique de Hamedallaye était lui fort
accueillant.
La cérémonie a débuté
avec un retard bien malien. Je suis moi-même venue en retard, trouvant le
ministre, le directeur général de l’IFM hégire Mahmoud Ka et le président de la
promotion Mohamed Djiré (un élève que
j’appréciai en classe. Calme et respectueux) bien assis sur le podium.
Je représente le corps professoral et devrait animer une
conférence sur la paix avec un autre professeur de langue arabe. Youssouf Mossa
qui en plus de son étiquette d’imam, est chargé des cours de psychopédagogie dans l’institut.
Les discours se sont
enchainés avec pour maitre de cérémonie
un prêcheur de la chaine Africabletélévision. D’abord les lèves-maitres
sortants, ensuite moi (qui n’avait rien préparé car ne sachant pas que j’allais
faire un discours) ensuite le directeur général de l’IFM hégire et enfin le
ministre.
Les élèves ont
profité de la tribune pour émettre leurs doléances au ministre oubliant qu’il ne s’agit pas du
ministre l’éducation mais celui des affaires religieuses et du culte. Mais ils
me répondront qu’on ne fait son omelette qu’avec les œufs qu’on a . Il est au gouvernement. Il en parlera certainement. Je suis sceptique. Nous sommes
au Mali. Mais bon… ce n’est pas le
ministre de l’éducation. Un renforcement du français ? la possibilité de
continuer les études à l’université pour les sortants de l’hégire ? pas
très réfléchi comme proposition car il y
aura conflit d’intérêt ou si ce n’est une utopie.
L’intervention du directeur général de l’IFM Hégire de Tombouctou a été très émouvante. Cet
homme a vu la rébellion et l’attaque des
faux djihadistes saccager tous les
établissements de l’état, dans le sillage de l’hégire à Tombouctou, je peux
vous parler du CAP (centre d’animation pédagogique) , de l’académie, de l’INPS
qui ont été complètement détruits. Les dossiers et les actes de naissance des
enfants volaient au gré du vent. Si nos
bureaux, nos ordinateurs, nos livres, nos climatiseurs et surtout notre groupe
électrogène ont été épargnés, c’est certainement à cause de ce nom fort évocateur
de cet Institut de Formation de maitre, le seul de la sous-région a l’habitude
de dire notre premier Directeur général Seydou Touré aujourd’hui décédé. Mais
la veille Toyota et la moto DT ont été emportées. Emporté aussi la tranquillité
et la quiétude des élèves-maitres qui ne cherchaient qu’à retrouver leur
différentes familles au Sud. C’est bon à savoir, les élèves sont des sortants
des médersas de toutes les régions du Mali.
Le directeur, les professeurs et les élèves ont ensuite été rappelés pour continuer les cours à Bamako. Le nouveau local ? le bloc scientifique de Missira , qui d’ailleurs n’a plus rien de scientifique. Des anciens Laboratoire qui servaient aux établissements scolaires il y a belle lurette. Des bancs ont été confectionnés, les classes ont été à peine dépoussiérés, une couche de peinture sur les tableaux et hop ! Hégiriens étudiez ! Pour avoir une salle pour accueillir l’administration, il a fallu faire sortir des livres et des vieux ordinateurs.
Le directeur, les professeurs et les élèves ont ensuite été rappelés pour continuer les cours à Bamako. Le nouveau local ? le bloc scientifique de Missira , qui d’ailleurs n’a plus rien de scientifique. Des anciens Laboratoire qui servaient aux établissements scolaires il y a belle lurette. Des bancs ont été confectionnés, les classes ont été à peine dépoussiérés, une couche de peinture sur les tableaux et hop ! Hégiriens étudiez ! Pour avoir une salle pour accueillir l’administration, il a fallu faire sortir des livres et des vieux ordinateurs.
Une seule table pour
le directeur général, le directeur des études et les surveillants. On y a
déposé un ordinateur qui a été envoyé de Tombouctou. Une liste à
imprimer ? Il faut aller au cyber qui se trouve à l’angle. L’économe aussi
a eu une table à lui. Il y procède à la
paye de la bourse. L’entrée est
complètement obstruée par les élèves qui
intéressés par l’argent ne pensent plus à la bonne conduite. Mais moi
quand j’arrive ils disent: laissez passer « madame ».
Les classes sont sales et couvertes de toiles d’araignée.
Les robinets des lavabos suintent continuellement. Le tableau est tout sauf noir. Il est fait de
bois, le contact perpétuel de l’eau le fait craquer et la peinture s’en est allé bien vite.
Il y a bien un
gardien que nous avions trouvé sur place, mais la cour n’a commencé qu’avec
l’arrivée de Smaguel, le manœuvre qui a fait le déplacement depuis Tombouctou
il n’y a pas si longtemps.
La vie a continué et
continue malgré toutes les difficultés. On dirait que personne ne sait que tout
le personnel de l’hégire, les professeurs, les élèves maitres ont vécu une
situation de guerre des plus traumatisantes.
Aucune assistance ou soutien psychologique d’aucune sorte.
D’ailleurs, une cohorte de bleus sont venus se joindre à
nous pour l’année scolaire 2012-2013. Ils n’osent se plaindre. Ils n’ont pas
connu Tombouctou, ni l’internat. Ils
voient bien qu’ils y a des élèves qui habitent en classe.
Oui en classe. Parfois en plein cours, tu vois un élève
d’une autre classe demander à rentrer. Au début, je demande qui il désire voir mais à la fin, je me contente
de plaisanter en leur demandant de ne pas se déshabiller devant nous.
Cette promotion qui sort peut vraiment dire ouf. On devrait
joindre au diplôme de l’hégire celui du courage. Ce sont ces élèves-maitres qui
méritent le titre honorifique de « moudjahidine ».
Une fois les officiels partis, place à deux conférences fortement liées à la guerre et au déplacement forcé que nous avions connu. les thèmes étaient la réconciliation et la paix. j'ai animé la conférence sur la paix commençant pour une explication littéraire du mot avant de voir le concept en entier. le point culminant étant les 10 règles de la paix.
Une fois les officiels partis, place à deux conférences fortement liées à la guerre et au déplacement forcé que nous avions connu. les thèmes étaient la réconciliation et la paix. j'ai animé la conférence sur la paix commençant pour une explication littéraire du mot avant de voir le concept en entier. le point culminant étant les 10 règles de la paix.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire