mercredi 26 juin 2013

Sortie de la 12ème promotion de l'IFM Hégire de Tombouctou



La sortie de la deuxième promotion de l’IFM Hégire de Tombouctou a été l’occasion pour le comité d’organisation de programmer une grande fête. L'institut de Formation des maitres est special car bilingue -français-arabe- a été créé en 1997 et résidait à Tombouctou avant d’être relocalisé à Bamako suite à l'occupation de la ville des 333 saints par les faux moudjahidines.

Elle avait une forte connotation politique  avec la présence du Ministre des affaires religieuses et du culte Dr Yacouba TRAORE , en était le parrain. Son garde de corps faisait bien peur, mais le centre islamique de Hamedallaye était lui fort accueillant.
 La cérémonie a débuté avec un retard bien malien. Je suis moi-même venue en retard, trouvant le ministre, le directeur général de l’IFM hégire Mahmoud Ka et le président de la promotion  Mohamed Djiré (un élève que j’appréciai en classe. Calme et respectueux) bien assis sur le podium.
Je représente le corps professoral et devrait animer une conférence sur la paix avec un autre professeur de langue arabe. Youssouf Mossa qui en plus de son étiquette d’imam, est chargé des cours  de psychopédagogie dans l’institut.
 Les discours se sont enchainés  avec pour maitre de cérémonie un prêcheur de la chaine Africabletélévision. D’abord les lèves-maitres sortants, ensuite moi (qui n’avait rien préparé car ne sachant pas que j’allais faire un discours) ensuite le directeur général de l’IFM hégire et enfin le ministre.
 Les élèves ont profité de la tribune pour émettre leurs doléances  au ministre oubliant qu’il ne s’agit pas du ministre l’éducation mais celui des affaires religieuses et du culte. Mais ils me répondront qu’on ne fait son omelette qu’avec les œufs qu’on a .  Il est au gouvernement. Il en parlera  certainement. Je suis sceptique. Nous sommes au Mali. Mais bon…  ce n’est pas le ministre de l’éducation. Un renforcement du français ? la possibilité de continuer les études à l’université pour les sortants de l’hégire ? pas très réfléchi comme proposition car il y  aura conflit d’intérêt ou si ce n’est une utopie.

L’intervention du directeur général de l’IFM Hégire  de Tombouctou a été très émouvante. Cet homme  a vu la rébellion et l’attaque des faux djihadistes  saccager tous les établissements de l’état, dans le sillage de l’hégire à Tombouctou, je peux vous parler du CAP (centre d’animation pédagogique) , de l’académie, de l’INPS qui ont été complètement détruits. Les dossiers et les actes de naissance des enfants volaient au gré du vent.  Si nos bureaux, nos ordinateurs, nos livres, nos climatiseurs et surtout notre groupe électrogène ont été épargnés, c’est certainement à cause de ce nom fort évocateur de cet Institut de Formation de maitre, le seul de la sous-région a l’habitude de dire notre premier Directeur général Seydou Touré aujourd’hui décédé. Mais la veille Toyota et la moto DT ont été emportées. Emporté aussi la tranquillité et la quiétude des élèves-maitres qui ne cherchaient qu’à retrouver leur différentes familles au Sud. C’est bon à savoir, les élèves sont des sortants des médersas de toutes les régions du Mali. 

 Le directeur, les professeurs et les élèves ont ensuite été rappelés pour continuer les cours à Bamako. Le nouveau local ? le bloc scientifique de Missira , qui d’ailleurs n’a plus rien de scientifique. Des anciens Laboratoire qui servaient aux établissements  scolaires il y a belle lurette. Des bancs ont été confectionnés, les classes ont été à peine dépoussiérés, une couche de peinture sur les tableaux et hop ! Hégiriens étudiez ! Pour avoir une salle pour accueillir l’administration, il a fallu faire sortir des livres et des vieux ordinateurs.  
Une  seule table pour le directeur général, le directeur des études et les surveillants. On y a déposé un ordinateur qui a été envoyé de Tombouctou. Une liste à imprimer ? Il faut aller au cyber qui se trouve à l’angle. L’économe aussi a eu une table à lui. Il y procède à  la paye de la bourse.   L’entrée est complètement obstruée par les élèves qui  intéressés par l’argent ne pensent plus à la bonne conduite. Mais moi quand j’arrive ils disent: laissez passer « madame ».
Les classes sont sales et couvertes de toiles d’araignée. Les robinets des lavabos suintent continuellement.  Le tableau est tout sauf noir. Il est fait de bois, le contact perpétuel de l’eau le fait craquer et  la peinture s’en est allé bien vite.
 Il y a bien un gardien que nous avions trouvé sur place, mais la cour n’a commencé qu’avec l’arrivée de Smaguel, le manœuvre qui a fait le déplacement depuis Tombouctou il n’y a pas si longtemps.
  La vie a continué et continue malgré toutes les difficultés. On dirait que personne ne sait que tout le personnel de l’hégire, les professeurs, les élèves maitres ont vécu une situation de guerre des plus traumatisantes.  Aucune assistance ou soutien psychologique d’aucune sorte.
D’ailleurs, une cohorte de bleus sont venus se joindre à nous pour l’année scolaire 2012-2013. Ils n’osent se plaindre. Ils n’ont pas connu Tombouctou, ni l’internat.  Ils voient bien qu’ils y a des élèves qui habitent en classe.
Oui en classe. Parfois en plein cours, tu vois un élève d’une autre classe demander à rentrer. Au début, je demande qui  il désire voir mais à la fin, je me contente de plaisanter en leur demandant de ne pas se déshabiller devant nous.
Cette promotion qui sort peut vraiment dire ouf. On devrait joindre au diplôme de l’hégire celui du courage. Ce sont ces élèves-maitres qui méritent le  titre  honorifique de « moudjahidine ».
Une fois les officiels partis, place à deux conférences fortement liées à la guerre et au déplacement forcé que nous avions connu. les thèmes étaient la réconciliation et la paix. j'ai animé la conférence sur la paix commençant pour une explication littéraire du mot avant de voir le concept en entier. le point culminant étant les 10 règles de la paix.

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