8 mars, journée internationale de
la femme qu’on appelle même la fête de la femme. Une journée
attendue par les féministes avec
impatience, je me demande si elles ne commencent pas le décompte dès le réveillon.
Ce n’est pas parce que je ne le suis pas –féministe- que je ne fête pas la
8mars, non je le fête à ma façon.
Au Mali le 8 mars, les femmes
désertent leurs postes pour se retrouver
et faire la bamboula: chanter, danser, habillées de l’uniforme. En effet au Mali,
chaque journée a son pagne dédié et un thème national celui de cette année est
« L’élimination et la prévention de toutes les formes de violences à
l’égard des femmes et petites filles. C’est l’occasion pour parler des violences
faites aux femmes notamment en cette période
de guerre que connait le Mali. Les
femmes sont les proies rêvées ;
elles ont été violées, battues si ce n’est mariées de forces à ces va-nu-pieds qui prétendent appliquer la charia et parfois
déplacées soit au du Mali ou dans les pays limitrophes vivants dans des
conditions inqualifiables. Le Thème internationale pour cette journée est bien
choisie et elle me satisfait « Une promesse est une
promesse : il est temps de passer à l’action pour mettre fin à la violence
à l’égard des femmes».
les défis du millénaires sont bien nombreux et variés, mais je ne peux
m’empêcher d’avoir une grimace quand je vois les défenseurs de la cause
féminine se perdre dans des débats autour de la non représentabilité des femmes
au niveau politique, à la tête des entreprises, dans les postes importants ,
ils en oublient ces pauvres femmes rurales qui travaillent comme des forcenées pour faire vivre leur famille.
Quand on me parle de l’émancipation
dont les femmes ont besoin, je ne dis point NON, ce n’est pas cette recherche frénétique de l’égalité des sexes ,
au risque de m’attirer les foudres des dragons du féminisme qui crient à plein
poumon « égalité entre les sexes » avant de s’embarquer dans les
luttes pour l’éducation, la représentativité des femmes dans les instances
gouvernantes, faisant le tour du monde à se réunir dans des conférences et des colloques
de tout genre.
Mes élèves s’énervent presque de
me voir venir faire cours le 8mars, mais bon « ce jour-ci je vais vous parler de
cette fête des femmes, son histoire, ce qu’est le féminisme, pourquoi je
préfère ma classe à tout ! ».
La fête de la femme ce n’est pas seulement une journée de tapage autour
de toutes les injustices faites aux femmes, ce n’est pas seulement des
émissions télé sur des femmes qui sortent de l’ordinaire en faisant des métiers
d’hommes. NON !
Impact sur les vraies victimes ???
Au mali les femmes continuent à se battre pour leurs familles faisant du petit
commerce au rail-da, passant la journée au marché à vendre à la sauvette des
petites marchandises, quelques-unes arrivent à se faire une place dans ce
domaine fortement masculin. C’est quand je vois ces vieilles femmes dans les
poubelles, cherchant les plastiques qu’elles revendent ensuite que j’ai envie de m’indigner, pire me
révolter : ces associations féminines ne vont pas me dire qu’elles ne les
voient pas alors qu’elles opèrent au centre-ville !Nos traditions sont tenaces ; c’est vrai ,
elles réduisent les femmes à leur rôle ménagère et de reproductrice , oui il
faut œuvrer pour l’alphabétisation de la
petite fille, mais il faut faire quelque chose pour celle qui ne sont plus à
cette étape, qui ont besoin d’assistance
pour améliorer leur vie.
La ville dont je viens accorde
une grande liberté à la femme qui peut
autant jouir de l’éducation que le garçon.
A Tombouctou, les petites filles
vont à l’école coranique en même temps
–et d’ailleurs à la même heure, l’aube- que les petits garçons. C’est certainement la raison première de
l’intérêt des pseudo-djihadistes à leur égard.
Je profite d’ailleurs de l’occasion pour féliciter ces femmes qui ont résisté avec dignité. Mais il ne faut
pas oublier les victimes des coups de fouets, des mariages forcés avec les occupants : en effet certains
parents ne voyaient que les milliers d’euro que possédaient ces candidats au mariage
d’un jour. Je pense notamment à cette fillette
qui aurait été marié aux islamistes à Tombouctou qui auraient été enchainée par
son mari parce qu’elle s’enfuyait dès qu’elle en avait l’occasion. Qu’est-elle
devenue ? Que sont devenues toutes ces femmes de Tombouctou qui se sont
retrouvées à Bamako, une ville étrangère aux mœurs et aux habitudes différentes
de celles du nord ? Je sais qu’elles y sont encore car les routes ne se
sont pas encore libres et on ne parle pas de retour malgré « la
reprise » de la ville des 333 saints par les armées maliennes et
françaises. Je sais quand même qu’elles souffrent comme moi d’ailleurs, elles ne peuvent que
souffrir.
Quand j’étais à Tombouctou,
j’étais fière de représenter comme la ponctualité au cours de législation scolaire et de Morale
professionnelle. L’hégire était à la sortie de la ville, mais cela ne
m’empêchais pas d’être à l’école bien avant les professeurs qui y habitaient-et
cela ne m’en a pas donné du mérite d’ailleurs !- ce n’est pas facile
d’être la seule femme qui enseigne dans un institut de Formation des maitres
franco-arabes de surcroit quand vous savez la connotation négative que ces
arabisant-ce n’est pas réducteur ce sont
eux qui s’appellent ainsi et moi et mon collègue qui faisons français sommes
des francisant- quand ils me surnomme
« femme de fer » je
réplique qu’il ne faudrait pas que je suis « une
femme d’enfer » ils ne comprennent pas la nuance mais moi j’en ris
toujours. Ils n’aiment « ni les femmes » instruites ni le français
que j’enseigne et nous sommes comme chat et chien mais j’y suis, j’y reste
c’est ma meilleur façon de m’émanciper.
Bamako ne m’a pas fait perdre cette
qualité mais que d’efforts : pour être à l’heure à Missira je me faut me
réveiller dès 5h du matin, faire ma
toilette et m’apprêter pour sortir chercher la sotrama à 6h pour arriver à 7h
40 mn –avant tout le monde encore !-
maintenant que j’ai ma moto, je me réveille plus tard mais un autre
calvaire : la circulation de Bamako, au bout de la journée je suis
complètement ratatinée et je n’arrive même plus à avoir mon humour pour
écrire tellement je suis fatiguée, mes
épaules me font mal les yeux me démangent.
Etre refugiée –non je rectifie
déplacée comme dit ma tante M’barka(une vieille
dame qui aime parler français et abuse du terme c’est pas normal, d’ailleurs
ses petits-enfants l’appellent c’est pas normal) qui affirment qu’on ne peut
pas être refugié dans son propre pays-à Bamako est une autre réalité toutes les
Tomboctiennes ; Il y en a d’ailleurs qui ont choisi de retourner vivre
sous les sévices des Islamistes plutôt que de rester de vivre dans ces
conditions qu’elles trouvent inhumaines à Bamako. Chez elles, elles ont de grandes maisons à
elles, elles prennent tranquillement le temps de se réveiller, préparant le
petit déjeuner –de la viande- pendant que les enfants vont chercher le pain
traditionnel au four. Elles font le thé pour leur mari en causant, d’ailleurs
elles y restent jusqu’au coup de 10h du matin, c’est à cette heure que les
boucher amène la viande au marché de Tombouctou. De retour à la maison, elles boivent ce qu’on
appelle « la boule » au Niger, de la poudre de mil enrichie
avec du fromage, des condiments et du sucre.
Je n’ai pu mot dire quand j’ai vu
une femme –représentante des associations et ONG féminines du Mali ?-
demander aux femmes de fêter le 8 mars dans la tranquillité sans ces grandes
balani ni sumu. Raisons ? État d’urgence !!!
A Tombouctou, où l’état tarde à
se montrer alors que les salafistes ont pris la poudre d’escampette –à mon
grand étonnement – le 8 mars sera un jour comme les autres.
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