dimanche 16 juin 2013

8 mars fete des femmes



8 mars, journée internationale de la femme qu’on appelle même la fête de la femme.  Une journée  attendue par les féministes  avec impatience, je me demande si elles ne commencent pas le décompte dès le réveillon. Ce n’est pas parce que je ne le suis pas –féministe- que je ne fête pas la 8mars, non je le fête à ma façon.
Au Mali le 8 mars, les femmes désertent leurs postes  pour se retrouver et faire la bamboula: chanter, danser, habillées de l’uniforme. En effet au Mali, chaque journée a son pagne dédié  et  un thème national celui de cette année est « L’élimination et la prévention de toutes les formes de violences à l’égard des femmes et petites filles. C’est l’occasion pour parler des violences faites aux femmes notamment  en cette période de guerre que connait le Mali.  Les femmes  sont les proies rêvées ; elles ont été violées, battues si ce n’est mariées de forces à ces va-nu-pieds  qui prétendent appliquer la charia et parfois déplacées soit au du Mali ou dans les pays limitrophes vivants dans des conditions inqualifiables. Le Thème internationale pour cette journée est bien choisie et elle me satisfait « Une promesse est une promesse : il est temps de passer à l’action pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes».  les défis du millénaires sont bien nombreux et variés, mais je ne peux m’empêcher d’avoir une grimace quand je vois les défenseurs de la cause féminine se perdre dans des débats autour de la non représentabilité des femmes au niveau politique, à la tête des entreprises, dans les postes importants , ils en oublient ces pauvres femmes rurales qui travaillent comme des forcenées  pour faire vivre leur famille.
Quand on me parle de l’émancipation dont les femmes ont besoin, je ne dis point NON, ce n’est pas cette  recherche frénétique de l’égalité des sexes , au risque de m’attirer les foudres des dragons du féminisme qui crient à plein poumon « égalité entre les sexes » avant de s’embarquer dans les luttes pour l’éducation, la représentativité des femmes dans les instances gouvernantes, faisant le tour du monde à se réunir dans des conférences et des colloques de tout genre.
Mes élèves s’énervent presque de me voir venir faire cours le 8mars, mais bon   « ce jour-ci je vais vous parler de cette fête des femmes, son histoire, ce qu’est le féminisme, pourquoi je préfère ma classe à tout ! ».  La fête de la femme ce n’est pas seulement une journée de tapage autour de toutes les injustices faites aux femmes, ce n’est pas seulement des émissions télé sur des femmes qui sortent de l’ordinaire en faisant des métiers d’hommes. NON !
Impact sur les vraies victimes ??? Au mali les femmes continuent à se battre pour leurs familles faisant du petit commerce au rail-da, passant la journée au marché à vendre à la sauvette des petites marchandises, quelques-unes arrivent à se faire une place dans ce domaine fortement masculin. C’est quand je vois ces vieilles femmes dans les poubelles, cherchant les plastiques qu’elles revendent ensuite  que j’ai envie de m’indigner, pire me révolter : ces associations féminines ne vont pas me dire qu’elles ne les voient pas alors qu’elles opèrent au centre-ville !Nos  traditions sont tenaces ; c’est vrai , elles réduisent les femmes à leur rôle ménagère et de reproductrice , oui il faut œuvrer pour  l’alphabétisation de la petite fille, mais il faut faire quelque chose pour celle qui ne sont plus à cette étape, qui ont besoin d’assistance  pour améliorer leur vie.
La ville dont je viens accorde une grande liberté à la femme qui  peut autant jouir de l’éducation que le garçon.  A Tombouctou, les petites  filles vont à l’école coranique  en même temps –et d’ailleurs à la même heure, l’aube- que les petits garçons.  C’est certainement la raison première de l’intérêt des pseudo-djihadistes à leur égard.  Je profite d’ailleurs de l’occasion pour féliciter ces femmes  qui ont résisté avec dignité. Mais il ne faut pas oublier les victimes des coups de fouets, des mariages forcés avec  les occupants : en effet certains parents ne voyaient que les milliers d’euro que possédaient ces candidats au mariage d’un jour.  Je pense notamment à cette fillette qui aurait été marié aux islamistes à Tombouctou qui auraient été enchainée par son mari parce qu’elle s’enfuyait dès qu’elle en avait l’occasion. Qu’est-elle devenue ? Que sont devenues toutes ces femmes de Tombouctou qui se sont retrouvées à Bamako, une ville étrangère aux mœurs et aux habitudes différentes de celles du nord ? Je sais qu’elles y sont encore car les routes ne se sont pas encore libres et on ne parle pas de retour malgré  «  la reprise » de la ville des 333 saints par les armées maliennes et françaises. Je sais quand même qu’elles souffrent comme moi  d’ailleurs, elles ne peuvent que souffrir. 

Quand j’étais à Tombouctou, j’étais fière de représenter comme la ponctualité  au cours de législation scolaire et de Morale professionnelle. L’hégire était à la sortie de la ville, mais cela ne m’empêchais pas d’être à l’école bien avant les professeurs qui y habitaient-et cela ne m’en a pas donné du mérite d’ailleurs !- ce n’est pas facile d’être la seule femme qui enseigne dans un institut de Formation des maitres franco-arabes de surcroit quand vous savez la connotation négative que ces arabisant-ce n’est pas réducteur  ce sont eux qui s’appellent ainsi et moi et mon collègue qui faisons français sommes des francisant-  quand ils me surnomme « femme de fer » je réplique qu’il ne faudrait pas que je suis « une femme d’enfer » ils ne comprennent pas la nuance mais moi j’en ris toujours. Ils n’aiment « ni les femmes » instruites ni le français que j’enseigne et nous sommes comme chat et chien mais j’y suis, j’y reste c’est ma meilleur façon de m’émanciper.
Bamako ne m’a pas fait perdre cette qualité mais que d’efforts : pour être à l’heure à Missira je me faut me réveiller dès 5h du matin,  faire ma toilette et m’apprêter pour sortir chercher la sotrama à 6h pour arriver à 7h 40 mn –avant tout le monde encore !-  maintenant que j’ai ma moto, je me réveille plus tard mais un autre calvaire : la circulation de Bamako, au bout de la journée je suis complètement ratatinée et je n’arrive même plus à avoir mon humour pour écrire  tellement je suis fatiguée, mes épaules me font mal les yeux me démangent.
Etre refugiée –non je rectifie déplacée comme dit ma tante M’barka(une vieille  dame qui aime parler français et abuse du terme c’est pas normal, d’ailleurs ses petits-enfants l’appellent c’est pas normal) qui affirment qu’on ne peut pas être refugié dans son propre pays-à Bamako est une autre réalité toutes les Tomboctiennes ; Il y en a d’ailleurs qui ont choisi de retourner vivre sous les sévices des Islamistes plutôt que de rester de vivre dans ces conditions qu’elles trouvent inhumaines à Bamako.  Chez elles, elles ont de grandes maisons à elles, elles prennent tranquillement le temps de se réveiller, préparant le petit déjeuner –de la viande- pendant que les enfants vont chercher le pain traditionnel au four. Elles font le thé pour leur mari en causant, d’ailleurs elles y restent jusqu’au coup de 10h du matin, c’est à cette heure que les boucher amène la viande au marché de Tombouctou.  De retour à la maison, elles boivent ce qu’on appelle  « la boule » au Niger, de la poudre de mil enrichie avec du fromage, des condiments et du sucre.
Je n’ai pu mot dire quand j’ai vu une femme –représentante des associations et ONG féminines du Mali ?- demander aux femmes de fêter le 8 mars dans la tranquillité sans ces grandes balani ni sumu. Raisons ? État d’urgence !!!
A Tombouctou, où l’état tarde à se montrer alors que les salafistes ont pris la poudre d’escampette –à mon grand étonnement – le 8 mars sera un jour comme les autres.

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